Rechercher dans ce blog

vendredi 2 octobre 2015

Chrysalide d'Ivan Kwiatkowski



Titre : Chrysalide
Auteur : Ivan Kwiatkowski
Editeur : Voy'el (Collection e-courts)

Quatrième de couverture : Une jeune fille est laissée pour morte dans un terrain vague, où un artiste peintre la recueille. Elle est étouffée par la rancœur et il suffoque sous le dôme de verre qui protège la ville. Au milieu des chrysalides, fleurs au parfum mortel, ils devront se reconstruire... ou se détruire.

A lire absolument si on aime :
Un style précis et poétique à la fois (quelle écriture !)
Des ambiances étranges, presque oniriques
A éviter si on cherche :
Un texte léger dépeignant de saines relations

L’avis du critique

Voici un texte singulier à bien des titres.
L’environnement de l’histoire est particulier : l’auteur nous présente une ville recouverte d’un dôme, laissant entendre que l’extérieur de cette enveloppe est dangereux. La nuit, les étoiles sont projetées sur cette surface. En fait, la ville entière donne une impression d’illusion, ou de monde moribond à peine peuplé de silhouettes furtives et parfois de prédateurs humains.
Cette ville décrite comme laide et grise bénéficie d’un havre de verdure, mais là aussi, l’illusion est bien présente. Un parc, surnommé le Poumon, est perpétuellement fleuri de chrysalides, de ravissantes fleurs à la beauté létale. Leur parfum est mortel.
Pourtant, un homme se plait à y passer du temps, conscient du danger mais habitué à le braver pour s’offrir sa ration de paradis perdu. Peintre est un des protagonistes de l’histoire, et il va découvrir Christelle, presque morte, dans un terrain vague voisin du Poumon. Christelle a été agressée très violemment et les séquelles psychologiques de ce traumatisme éclairent son comportement tout le long de l’histoire.
Cette introduction aurait pu constituer le début d’une histoire d’amour banale mais l’auteur n’allait pas nous faire cet affront.
Cette nouvelle nous présente la lente descente aux enfers de Peintre, comment peu à peu il se soumet sous le joug de Christelle, parce qu’il ne sait pas comment l’aider, l’aimer autrement. Il se livre sans se défendre et elle profite de cette puissance retrouvée en ne retenant ni ses coups, ni le plaisir qu’elle en tire. Il ne s’agit pas d’un jeu BDSM, mais d’un renoncement de l’un au profit de l’autre, jusqu’au bout. La violence recouvre leur relation d’un linceul qui teinte de noir leur amour et l’empêche de s’exprimer librement.
La narration, qui alterne les points de vue de Christelle et Peintre, permet d’approcher les pensées des protagonistes. L’auteur nous livre ainsi une fine analyse de cette relation ô combien toxique, l’explique, la dissèque d’une plume précise et même poétique, ce qui ajoute à l’horreur.
Bref, un texte qui remue le lecteur, l’oblige à se tourner vers ses propres côtés obscurs et à les contempler avec un mélange de dégoût et de fascination. 

Le petit plus du livre : l'édition numérique par Voy'el, propre et sans bavure. Belle collection qu'E-courts qui nous sort de telles pépites inclassables.



1 commentaire:

  1. Oui Domi, cette nouvelle inclassable est belle et mérite vraiment la lecture. Ta critique est juste mais il y a un point sur lequel je dirais les choses autrement : il s'agit bien d'une relation d'emprise teintée de SM dont l'auteur, avec beaucoup de finesse, a su saisir l'essence. Ce type de rapports humains existe dans la vie bien plus souvent qu'on ne l'imagine.

    RépondreSupprimer

Vos commentaires :