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samedi 11 juin 2016

Imaginales 2016, l’effet WOW (partie 2)




Dans ce billet , je vous ai raconté mes premiers jours de salon à Épinal. Je vais donc enchainer avec la suite, c’est logique.

Jour 3 : Vendredi 27 mai, le jour du speed dating des éditeurs

J’ai eu ce jour-là un programme assez chaotique parce que, pendant les Imaginales, je m’arrête tous les cinq mètres pour dire bonjour à des têtes connues, (exemple, ici, toute l'équipe de Kitsunegari avec Perrine Rousselot en Serpentard, la traîtresse ! ^^)

faire le tour des nouveautés chez les éditeurs,  acheter et faire dédicacer des tas de bouquins. Oui, des tas. J’en offre aussi, hein. Bon. 

Je mentirais si je prétendais que j’ai abordé cette journée sans une petite pique d’excitation, un peu comme pour un examen. Comme pour tout examen, ma méthode consiste à me préparer à mort, pour faire face à n’importe quoi. Jusqu’à présent, ça m’a plutôt réussi.

Alors, ça consiste en quoi, le speed dating des éditeurs ? Il s’agit d’une super initiative du salon qui consiste à permettre la rencontre, en un lieu tenu secret (et donc tranquille, on ne risque pas d’être interrompu en pleine conversation) entre auteurs débutants et éditeurs. J’ai participé à la 8ème édition de cet évènement très attendu.

Comment s'inscrit-on ?
1)      On a un dossier à présenter à l’avance car tous les candidats ne sont pas acceptés. Pour cette année, les informations sur les éléments à envoyer ont été diffusées le 7 avril. Il fallait fournir une fiche d’inscription classique (nom, coordonnées, nom d’auteur, si on avait déjà publié un roman, et si on avait déjà participé au speed dating des éditeurs…), un pitch du roman à présenter, les 20 premières pages du manuscrit et une courte biographie.
2)      On attend patiemment l’email qui accepte ou non la candidature. A noter que, si on a déjà fait le SD, il y a des chances qu’on ne soit pas retenu une deuxième fois, pour laisser leur chance à d’autres candidats. Raison de plus à mon avis pour venir avec un projet bouclé parce qu’il doit être rageant d’éveiller l’intérêt d’un éditeur pour lui dire « Ben oui, mais là, j’ai encore au moins 6 mois de boulot pour finir mes corrections ». Pour info, j’ai reporté deux années de suite ma participation, en pestant de ne pas être prête, mais je ne le regrette pas.
3)      L’email d’acceptation (wéééé ! championne du monde !!!... oui, bon, ça va…), peut sembler un peu tardif (cette année, on a reçu le ok le 18/05 soit moins de 10 jours avant), donc il faut être patient, et se tenir prêt à être à Epinal pour le vendredi à 17h30, heure du rendez-vous pour le SD qui se tient à 18 h.
4)      L’email d’acceptation fournit une liste d’éditeurs que l’on doit classer par ordre de préférence et renvoyer avant le jour J.

Comment se préparer au mieux ? (dit celle qui n’a fait que le speed dating mais n’a pas pour autant signé de contrat d’édition dans la foulée, soyons bien clair !)
1)      Avoir un manuscrit prêt. On peut accrocher un éditeur sur un pitch, mais vous connaissez l’expression « Battre le fer tant qu’il est chaud » ? Donc, même s’il y a eu des précédents d’auteurs qui ont réussi à placer un roman avant de l’avoir écrit, personnellement je ne m’y risquerais pas, et je vous dis : arrivez avec un projet fini. Ça vous évitera des coups de sang mauvais pour la santé.
2)      Blindez votre pitch !!! Alors c’est quoi un pitch ? Perso, j’applique la méthode du pitch dramatique d’Yves Lavandier, qu’il présente dans son excellent bouquin « Construire un récit », disponible aux éditions le Clown et l’Enfant : Dans telle arène, à la suite de tel incident déclencheur, tel personnage se bat contre tels obstacles pour atteindre tel objectif. Et une fois que vous l’avez écrit, répétez-le comme une litanie, et sortez-le à volonté comme un robot. Si. C’est ce qu’on appelle l’elevator pitch : le pitch que tout scénariste ou auteur américain est capable de sortir immédiatement à l’éditeur coincé avec lui pendant un trajet d’ascenseur. Soyons américain, damn it. (l’elevator pitch, c’est un des trucs que j’ai appris à la master class Davoust/Dunyach, qui était si bien)
3)      Ne vous prenez pas la tête non plus. Parce que les éditeurs sont là pour vous écouter et comprendre votre projet, pas pour vous déstabiliser.

Concrètement, ça se passe comment ?
Nous allons dans le fameux lieu tenu secret. Les auteurs sont rassemblés dans une salle. Les éditeurs sont installés dans de petites pièces (parfois à deux ou trois) et les noms sont appelés par les personnes encadrantes, dont l’une d’entre elles est Silène Edgar. (en plus d’être une romancière de talent, elle est une personne adorable). 
Pendant que les premiers appelés partent pitcher leur roman (chacun individuellement, en tête à tête, ce qui est précieux), les autres patientent en bavardant ou stressent en silence, ça dépend des tempéraments. Pour ma part, je connaissais une partie des participants donc nous avons choisi l’option papotage, qui a fait passer le temps plus vite. Silène nous a aussi briefés sur le côté « non-vital » de ces rendez-vous. « Ce n’est que le premier parmi toute une série que vous aurez dans votre vie d’auteur ». La voix de la sagesse. L’ambiance était détendue malgré quelques déceptions pour des auteurs dont les éditeurs préférés n’avaient pas pu se libérer.

Comptez deux heures pour passer tout le monde au rythme de (normalement) 5 minutes par rendez-vous. Cela va très vite, on n’a pas le temps d’avoir l’air génial ou incompris, juste de noter quoi envoyer où et (important) l’email de la personne qu’on a rencontrée, histoire de lui faire un petit mot personnalisé (« mais siiii, vous ne pouvez pas m’avoir oubliée, voyons, c’est moi qui suis géniale et incomprise… »). Selon les éditeurs, on vous demandera soit les premières pages de votre manuscrit, soit le manuscrit entier, un synopsis, ou pas, c’est très variable. 

Je ne saurais trop vous recommander de vous munir de cet ouvrage : https://tremplinsdelimaginaire.com/site/?page_id=97
Le Grimoire Galactique des Grenouilles est un très sérieux guide des éditeurs de l’imaginaire. Cette édition est parue en 2015 et mon exemplaire est bourré de post-its. Vous y trouverez entre autres  des conseils de présentation de manuscrits que, néanmoins, je vous recommande de revalider sur les sites internet des maisons concernées. Les exigences peuvent varier et les soumissions fermer momentanément : inutile dans ce dernier cas d’envoyer votre bébé. 

Bon, et moi, ça s’est passé comment ?
Plutôt bien, je suis contente. J’étais à l’aise (je suis tranquille à l’oral, en général), et surtout j’ai eu en face de moi des personnes bienveillantes. J’ai vu 4 éditeurs sur les 8 possibles (sachant que pour certains, mon projet ne convenait pas). J’ai eu le plaisir de voir que mon pitch paraissait intéressant. 

On m’a posé deux questions (pas plus, parce que je suis bavarde toute seule ^^)
1)      Quel est le type de la planète où arrivent vos colons ? Donc je suis partie dans les explications de ma naine rouge et de ma planète en orbite synchrone. J’ai eu l’impression d’être convaincante (pour autant que je puisse l’être puisque je ne suis pas non plus astrophysicienne, hein)
2)      Pourquoi un diptyque ? Plus sioux, celle-là. J’ai répondu la vérité, qu’en fait, au début, j’étais partie sur un stand-alone, et puis en écrivant et surtout en trouvant la fin du tome 1, j’ai eu une illumination cosmique, et je me suis dit « Tome 2 ». Cette explication un peu allumée a fait sourire mon interlocuteur, c’est déjà ça !

Au final, les éditeurs que j’ai vus m’ont tous proposé d’envoyer mon texte à leur maison, soit en vue de l’étudier, soit pour me faire un simple retour (dans ce dernier cas, la raison en est qu’il s’agit d’un gros manuscrit et qu’ils n’en publient pas). C’est donc une expérience très positive, dont je suis revenue pleine d’énergie (et ce d’autant plus que les copains m’attendaient à la crêperie, oui, toujours la même, 

et m’ont accueillie avec une ovation digne de la découverte d’une nouvelle voie sur l’Everest !)

Bon, je crois que j’ai fait le tour de la question. On passe au …

Jour 4 : samedi 28 mai : interviews et photos, pique-nique et pitches à la volée

Pour mon fils Max, dont c’était les premières Imaginales, nous avons filmé quelques interviews d’auteurs et autrices et d’un éditeur. L’objectif était de fabriquer une petite vidéo à présenter à sa classe à son retour au collège (une initiative personnelle, le collège n’avait rien demandé de particulier et accepté qu’il s’absente pour venir à Épinal). Toutes les personnes que nous avons sollicitées se sont très gentiment prêté au jeu, donc nous avons mis Aurélie Wellenstein, 

Cassandra O’Donnell, Cindy van Wilder,
 Jean-Sébastien Guillermou, sur le pont de son stand
 Pierre Gévart, John Ethan Py et Paul Béorn dans la boîte. Le résultat, monté par André au retour du salon, était vraiment chouette (quoique j’ai loupé l’enregistrement de Cassandra, mais je me suis souvenue de ses réponses, c’était le principal).
Max a posé les questions suivantes :
1)      Pourquoi écrivez-vous ?
2)      Dans quel genre littéraire et pourquoi ?
3)      Quel est votre préféré parmi vos romans ?
4)      (à l’attention de l’éditeur) En quoi consiste le travail d’éditeur ?
Je pense que je vais faire une petite compilation des réponses dans un billet suivant, car les réponses étaient aussi variées qu’intéressantes. 

Le samedi midi a lieu tous les ans le pique-nique des Imaginales. Ce fut un délicieux moment passé en bord de Moselle, il faisait si beau ! 

 Je ne résiste pas à remettre ici cette image de Jean-Claude Dunyach, en pleine découpe de magret :




Ce fut aussi l’occasion de pitcher entre petits cakes et cannelés, car un éditeur profitait lui aussi du beau temps et écoutait volontiers les auteurs qui souhaitaient lui parler. Nous avons vécu un joli moment de francophonie car se sont retrouvés ensemble auteurs québécois, français, suisse et belges, autour de victuailles et de quelques bouteilles. C’est ça aussi, les Imaginales.
Une image d'un des magic mirrors, un des lieux où se déroulent les tables-rondes : 

Tout ceci mis bout à bout, ajouté à quelques achats et dédicaces de livres a fait s’envoler la journée à toute allure.
Et donc…

Snif ! 

Jour 5 : dimanche 29 mai : un jour écourté pour cause de retour 

Toujours un peu tristounet, le dimanche matin. On sait qu’on va rentrer, que c’est presque fini. Des amis sont déjà partis. On fait les derniers achats, on fait la tournée des bises, une dernière conférence… 
 La fresque terminée : 

Je me rends compte que j’ai très peu suivi les tables rondes cette année, néanmoins, j’ai assisté à celle sur Gulf Stream avec intérêt puisqu’elle expliquait la ligne éditoriale de la collection Electrogène. J’ai compris que mon projet actuel ne leur conviendrait pas. C’est important d’être capable de faire ce tri là, afin de ne pas envoyer à des éditeurs des manuscrits clairement pas faits pour eux. Tout le monde gagne du temps, dans l’affaire.
 
Il est bien assez long, ce billet, et puis, je déteste les adieux.

Donc, à l’an prochain, Épinal !


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